Par Gabriel Combris de Pure Santé

J’avoue que j’ai du mal à comprendre pourquoi le mot coriandre vient du grec qui signifie « mari de la punaise » tant l’odeur de la plante me paraît délicieusement fraîche et relevée.

Un vieux Larousse des Plantes nous explique que lorsqu’elles sont fraîches, les semences ont une odeur désagréable qui rappellerait celle de la punaise, mais qui disparaît avec la dessiccation (élimination de l’eau).

Bref…Oublions cette affaire d’étymologie et concentrons-nous plutôt sur le magnifique potentiel médicinal trop méconnu de la coriandre.

Reine de la santé digestive

 

La coriandre est une plante annuelle aromatique qui pousse partout dans le monde, mais avec des origines en Méditerranée et en Asie occidentale.

Elle est unique parce qu’elle est à la fois une herbe et une épice, cette dernière provenant de graines de coriandre, séchées et utilisées en totalité ou sous forme de poudre.

Si vous avez le choix, choisissez les graines de coriandre entières, la poudre perdant rapidement sa saveur (et les graines sont faciles à broyer en utilisant un mortier et un pilon).

 

Un beau pedigree anti-gaz

 

« Je prends de la coriandre après mes deux verres de limonade (appelée aussi limonade des capucins) et cela me fait du bien » écrivait Madame de Sévigné, coutumière de repas copieux et indigestes, dans une lettre du 2 juillet 1690 à sa fille…

Heureusement pour la postérité de son œuvre littéraire, la marquise de Sévigné a aussi écrit des pages plus ambitieuses, mais pour ce qui concerne la coriandre, elle en connaissait parfaitement l’usage traditionnel : la réduction des gaz dans l’estomac et les intestins, la stimulation de la digestion et le traitement des spasmes des muscles lisses, comme ceux de l’estomac.

Dans la médecine traditionnelle chinoise et la médecine ayurvédique, les graines de coriandre sont souvent combinées avec carvi, cardamome, fenouil et/ou des graines d’anis pour traiter les troubles digestifs.

Les feuilles, elles, ont traditionnellement été considérées comme un stimulant de l’appétit et également appliquées sur la poitrine pour traiter les douleurs thoraciques et la toux [1] [2].

La Commission E allemande [3] a pour sa part validé l’efficacité de la coriandre en usage interne dans les plaintes dyspeptiques (digestion perturbée) et la perte d’appétit.

Un beau pedigree donc, qu’élargit encore une étude scientifique plus détaillée.

 

Antioxydante et antistress

 

Les graines et herbes de coriandre ont été largement étudiées pour leurs propriétés bénéfiques : antimicrobienne, antioxydante, hypoglycémique, anxiolytique, analgésique, anti-inflammatoire, et anticancer, entre autres [4].

Dans une étude sur huit herbes (parmi lesquelles se trouvaient d’autres invités de marque comme le basilic, la sauge, le romarin ou l’estragon etc.), la coriandre contenait les plus hauts niveaux de bêtacarotène, de lutéine et de zéaxanthine [5], tous des nutriments antioxydants fortement protecteurs.

L’huile de graines de coriandre contient également jusqu’à 70 % de linalol, un terpénoïde qui possède de puissantes propriétés antioxydantes et qui explique l’odeur agréable de la coriandre [6].

L’American Botanic Coucil mentionne en outre l’utilisation dans la médecine traditionnelle iranienne de graines de coriandre pour traiter l’anxiété et l’insomnie. La dose de poudre de graines est de 1 g à 5 g, trois fois par jour.

L’huile essentielle diluée peut également être utilisée par voie topique (appliquée sur la peau) pour traiter les infections cutanées mineures, et elle contient des composés appelés aldéhydes qui sont efficaces contre les levures, les salmonelles et d’autres bactéries.

 

Anti-allergique et anti-inflammatoire

 

Les feuilles de coriandre sont aussi un trésor de flavonoïdes, polyphénols et acides phénoliques.

On trouve notamment la quercétine, un flavonoïde également présent dans les oignons, les pommes, les noix, les brocolis etc. et principalement connu comme antihistaminique naturel (anti-allergique).

Les acides phénoliques et autres nutriments dans la coriandre sont tout aussi impressionnants, toujours selon l’American Botanic Council :

« Ces métabolites secondaires ont suscité l’intérêt et l’étude de leur rôle protecteur potentiel contre les dommages oxydatifs et ses maladies associées, y compris les maladies coronariennes, accidents vasculaires cérébraux et les cancers. »

 

Formule anti-arthrite

 

Les feuilles de coriandre peuvent également aider à réduire la douleur chez les personnes souffrant d’arthrite, propriété attribuée aux vitamines A et C, acides phénoliques et polyphénols qu’elles contiennent.

Dans son livre Plantes du Bien-Être, le grand herboriste Michel Pierre conseille la formule suivante contre les douleurs articulaires :

3 gouttes d’huile essentielle de coriandre dans 1 cuillérée à soupe d’amande douce, en massant les parties à traiter deux fois par jour.

Une autre possibilité est de laisser macérer 50 g de graines de coriandre dans un litre d’huile d’olive pendant 15 jours en plein soleil. Presser ensuite et filtrer. Masser là aussi les articulations douloureuses avec l’huile.

 

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Mangez-la avec des fruits de mer

 

La coriandre est parfois présentée comme outil de chélation, ou d’élimination des métaux lourds présents dans le corps, et notamment le mercure, qu’on trouve hélas de plus en plus dans les grands poissons.

Toutefois, il faut être plus prudent à ce sujet, car les preuves scientifiques manquent pour l’affirmer.

Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est que des études ont montré que le fait de manger des aliments contenant des métaux lourds en même temps que de la coriandre permettait de réduire l’absorption et la toxicité de ces aliments [7] :

« Certaines données précliniques suggèrent que l’utilisation concomitante de feuilles de coriandre tout en consommant des aliments considérés comme riches en métaux lourds peut réduire l’absorption des toxines et des effets toxiques potentiels. [8] »

L’alliance fruits de mer et coriandre semble donc une combinaison parfaite.

Personnellement, j’y ajoute volontiers un verre de muscadet, mais là, les données scientifiques sont totalement absentes pour me dire si j’ai raison ou tort. D’ailleurs je m’en moque, c’est simplement que j’adore ça !

 

Évite le danger des grillades

 

Mais revenons à la coriandre.

Lors de la cuisson à des températures élevées se déroule une réaction chimique connue sous le nom de réaction de Maillard. Il s’agit de la fixation d’un sucre sur un acide aminé qui donne la couleur et leur croustillant aux aliments. Seulement certains produits de la réaction de Maillard, comme les amines hétérocycliques formés sur la viande ou le poisson grillé, sont particulièrement toxiques.

La bonne nouvelle est que l’ajout d’épices, et notamment de graines de coriandre, peut réduire de manière significative la formation de ces produits toxiques.

 

Facile à cultiver

 

Vous trouverez sur Internet toutes les informations utiles pour cultiver la coriandre. En extérieur bien sûr, mais aussi en pot, à l’intérieur. Solution qui, je trouve, n’a que des avantages car cela permet d’en prendre quelques feuilles à chaque fois qu’on cuisine un plat. Une sorte de réflexe santé au goût agréable et parfumé : un délicieux poisson en papillotes, quelques feuilles de coriandre, un filet d’huile d’olive…

Et mon verre de muscadet !

Santé !

Gabriel Combris

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